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Par cristopher stand, le 04.10.2015
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Date de création : 17.09.2010
Dernière mise à jour :
21.01.2014
24 articles
Le Magazine Littéraire
Ce que la littérature sait de l'autre
« Que sait la littérature ? », se sont demandé les trois numéros que Le Magazine Littéraire a consacrés à la folie, à la mort, et, ce mois-ci, à l'altérité - ou plutôt : « Que sait la littérature que nous ne pouvons savoir que par la littérature ? » Car, si nous nous accordons aujourd'hui à nouveau pour considérer que la littérature n'est pas qu'un divertissement mais qu'elle produit un savoir - et donc une forme d'action sur le monde -, reste à comprendre ce que les discours que nous appelons littéraires ont de propre et de particulier ; reste à penser ce que les poètes et romanciers nous disentde si interrassant tout en se tenant à l’écart de la vérité ordinaire, par le recours à l’imagination[...] »
Un savant,autrefois, pouvait être un curieux universel qui s'intéressait aux médailles antiques comme à l’anatomie, à l'histoire locale comme aux fossiles, à la botanique comme à l'optique ou à la chimie. La somme des connaissances a si formidablement augmenté qu'une personne aux intérêts aussi dispersés ne serait plus aujourd'hui qu'un aimable touche-à-tout, bien incapable de faire progresser quelque science que ce soit. Telle est du moins la doctrine officielle des scientifiques (version moderne des savants), qui ont classé les sciences en champs d'études d'une spécialisation toujours croissante. Mais ces divisions aussi nécessaires qu'elles puissent être, comportent des désavantages. D'une part, le spécialiste le plus consciencieux dans sa branche pour faire preuve d'une surprenante légèreté quand il lui arrive de se servir d'une autre. Le linguiste peut, par exemple, appliquer des théories ou des schémas incompatibles avec l'histoire, où l'historien se servir d'un dictionnaire désuet pour interpréter des textes. D'autre part, l'arbre des sciences, tel qu'il est généralement perçu, se divise presque indéfiniment en branche et en rameaux, mais ne prévoit que rarement des interconnexions. Le musicologue psychanalyste, l'ingénieur philosophe, l’atomiste esthéticien suscite une méfiance injustifiée –injustifiée du moins s'ils ont véritablement étudié les deux domaines dont îls s'occupent.
Alors que, dans la vie courante, n'importe qui prend le droit de parler de n'importe quoi, un savant devrait-il rester confiné dans sa petite case ? Il semble que telle soit l'opinion générale, peut-être fondée sur l'antique système scolaire où les heures de grammaire, de physique, de latin et de sciences naturelles se côtoient sans jamais s'influencer, et où seule la philosophie, à un stade tardif des études, à des prétentions universelles.
C’est sans doute la raison pour laquelle certains domaines, qui nécessitent un faisceau de connaissances, fort variés soit relativement méconnus du public intellectuel. Si l'histoire a bien réussi à faire admettre qu'elle pouvait ainsi s'occuper des mentalités ou de la sexualité, la géographie, quant à elle n’accorde pas au statut de discipline populaire. Beaucoup de noms d'historiens contemporains sont célèbres ; mais qui peut nommer trois grands géographes? Ils existent pourtant, leurs activités sont passionnantes, et ils sont plus de trois.
De même, les travaux fondamentaux et extrêmement stimulants d'un Georges du Musil, parce qu'ils font appel à la mythologie comparée, à la linguistique, à l'étymologie, à l'histoire ancienne et à la psychologie religieuse (entre autres), n’éveillent pas, dans le public, l’écho qu'ils méritent. Il en est de même encore pour les travaux d’André Le roi Gourhan.
Et à quoi sert donc la recherche des origines ? A mieux comprendre le monde, évidemment, et le pourquoi du comment. Rien n'est plus rassurant et plus exaltant à la fois que cette oeuvre salubre où, de la matière, à la pensée, tout se tient, et où l'on garde les pieds sur terre pour constater que les miracles eux-mêmes procèdent de la nature des choses.
FATHI CHARGUI
Le Magazine Littéraire n° 526—Décembre 2012--