Le Magazine Littéraire : Jean Genet

Publié le 07/12/2010 à 12:36 par journaldesartsetdeslettres Tags : homme mort livre voyages
Le Magazine Littéraire : Jean Genet

  Le Magazine Littéraire : Jean Genet           

La grande gueule !

  Ne parlons pas des vivants, s'il vous plaît. Nous savons bien qu'un écrivain peut connaître succès ou insuccès, nous ne serons sûrs de lui qu'à sa mort, et encore plus ou moins tôt, la fin des fins accomplie. C'est une banalité de dire que la mort engloutit l'écrivain ou l'aide à resurgir ; tout jugement sur un vivant serait entaché de trop de correctifs pour être valable. On porte aux nues ou on n'aime pas pour tant de fausses raisons qu'il vaut mieux éviter l'excès de louange ou la méprise. Quand on se souvient par exemple ce que Victor Hugo, Flaubert ou Claudel ont dit de Stendhal,on frémit. Parmi les écrivains que je considère comme les plus importants du XXe siècle , ceux qui ont le plus compté pour moi et qui méritent vraiment le qualificatif de grands parce qu'ils ont influencé non seulement leurs contemporains, mais encore les générations suivantes, ne sont pas trop nombreux. Il faut citer bien évidemment Jean Genet. Quant à dire les noms de ceux qui m'ont influencé moi-même, c'est bien difficile : toute lecture fût-elle médiocre, apporte quelque chose à celui qui lit. Avant d'être journaliste, j'ai été lecteur passionné et chaque livre a déposé en moi un peu du pollen dont plus tard j'ai fait mon modeste miel. Les écrivains les plus importants pour moi, en dehors de mon vieux Flaubert à qui je ne cesse de me référer, c'est Camus sans doute, mais aussi Beckett. Les auteurs du "nouveau roman" m'ont sûrement influencé en ce sens que, après eux, il est bien difficile d'être comme auparavant : Sarraute, Robbe-Grillet, m'ont fait découvrir une façon de voir et de décrire. Le Magazine Littéraire fête le centenaire de la naissance de Jean Genet. Genet le sans gène, la grande gueule, celui qui ose tout dire sans peur et sans crainte, celui qui crie tout haut ce que les autres pensent tout bas. Les autres, l'enfer. Jean Genet était l'homme de tous les combats, celui qui se bat et plaide les causes perdues. On n'oubliera jamais son regard porté sur la cause palestinienne. Ses écrits et ses voyages à travers le monde en Orient et en occident à la recherche de la vérité, à l'instar de Diogène et sa lenterne éclairante.

 

 FATHI CHARGUI