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Par cristopher stand, le 04.10.2015
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Date de création : 17.09.2010
Dernière mise à jour :
21.01.2014
24 articles

Le Magazine littéraire: les littératures nordiques
Une autre manière d’écrire le monde
La Suède nous a donnéles Volvo, les téléphones Erikson, la social-démocratie et Bergman, les distributeurs automatiques de capotes, les trolls et lesécrémeusesélectriques. Elle nous a donnéles plus belles filles du monde, sainte Brigitte et Bibi Anderson. Et aussi cette sociétéavancée, permissiveàsouhait, oùil est cependant interdit de flanquer des fessées aux mouflets. Mais elle nous a surtout fait cadeau d'une superbe littérature, Swedenborg, Strinberg, Almqvist, la divine Selma Lagerlöf avec son petit Nils pipant ses sagas au bastingage d’un jars monoplace, voilàpour les ancêtres. Mais ces dernières années nous avons eu droitàbien d'autres coups de foudre. D'abord un poète considérable nomméGunnar Ekelöf et qui n'est rien moins que le Daumal des banquises. Et puis, presque en même temps, deux autres romanciers de taille : Per Olof Sundman,écrivain musclécomme un vikingégaréàl'époque du gas-oil, et surtout Stig Dagerman, sublime papillon qui se brûla les ailesàtrente ans, après avoir signéson chef--d'oeuvre qu'est« Ennuis de noce ».
A la Bergman
Ce genre de récits représente une des grandes veines de la littérature scandinave : le combat, le témoignage. Mais il en est une autre, très différente, qui prend ses origines chez Strinberg, et qui pourrait se définir comme un inventaire du mal de vivre : on est làdu côtéde la poisse. Du côtédu désespoir, de cette solitude qui fait de tout individu un ange déchu dans l'immensitédu paysage boréal, et de n'importe quelleécolière du Värmland une héroïne de Bergman...
Pour en veniràl’écrivain en vogue actuellement et pour ne mas le nommer Stieg Larsson. Romancier, journaliste, touche-à-tout multicartes, il estàStockholm ce qu'on appelle un intello de pointe, unérudit de gauche qui aime se dépeindre sous les traits d'un gnome famélique pour mieux dérouter ses contemporains. Cela ne doit pas faire oublier que sa trilogie de polars de serial killer ne cesse de se vendre comme des petits painsàtravers la planète et que son succès d’éditionàtitre posthume bat tous les records de publication chez les libraires.
Uneœuvre saisissante qui empêche tout lecteur de tourner en rond. Uneœuvre bouleversante,àranger du côtéde Thomas Mann ou de Fritz Zorn, ou tout fiche peuàpeu le camp dans une sorte de sauve-qui-peut méthodique, comme si la vie ou ce qu'il en reste,était jaugée par le seulétalon qui ne trompe jamais : La nécro. Voilàdonc une leçon de civisme qui estégalement une sagesse d'outre-tombe. Une tentative de faire de la mort un des beaux-arts. Exister, demande Gustafsson, c'est quoi ? C’estécoper,écoperàperte de vue, car le vieux rafiot humain prend la flotte de partout. Et il ajoute « Toutça, c’est la même merde », avant de refermer ce catafalque oùla tragédie, pourtant, est curieusement absente : plutôt un flirt avec la mort, façon Montaigne.
Une chose est sûre, dans toutça, qui court partout dans la littérature suédoise: le bipède est seul pour toujours, sous des ciels définitivement vides. En négative, le roman suédois est ténébreux, mais est aussi un hymne assez formidable aux forces païennes de la sensualitétotale. Pasétonnant que Gide ait admirél'auteur de« Barabbas et de Bourreau »: sa petite sibylle a quelque chose d'une Esméralda et d'une Garbo, louve fragile venue des brumes. Car, en Suède, tout finit toujours dans de somptueux sabbats, sur cette terreétrange qui est une symphonie d'eau et de lumière, comme disent les guides, entre l’éternelle transparence d'un lac immobile et le frêle bouleau blanc cachant des amants frileux.
FATHI CHARGUI