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Par cristopher stand, le 04.10.2015
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Date de création : 17.09.2010
Dernière mise à jour :
21.01.2014
24 articles
Le magazine littéraire N°501 : Le plaisir
Principes pour une vie heureuse
Le numéro du magazine littéraire d'octobre consacre un dossier entier au plaisir: D’Épicure, Casanova, Barthes, Nabokov, à Roth…tout y passe le plaisir, la vertu, la morale, le bonheur. Bref, le plaisir dans tous ses états.
Quelques extraits :
« Pour Épicure, le philosophe athénien, le plaisir ne s'oppose pas aux règles. Il devient plutôt la règle. Gage d'équilibre -- et non d'instabilité--il exige et favorise l'exercice de la raison. Epicure lui-même ne fait pas l'apologie de l'insouciance, comme le verront bien Montaigne puis Gassendi, qui soutiendront que sa philosophie et sa conduite accordent toute sa place à la vertu. Agissant durant six siècles, ce courant de pensée connut de multiples variations. Un nouveau volume de la Pléiade permet de mesurer cette vitalité. Entre la fin du IIe siècle, et le milieu du Ier siècle avant Jésus-Christ, les « médio- épicuriens » redonnent de la vigueur à une école assoupie et tiennent compte de la sensibilité du public romain. Ovide, l'auteur de L'art d'aimer n'est pas seulement un précepteur grivois. Ses conseils incitent le lecteur à entretenir une dimension parallèle, l'intimité où il serait le seul maître. Cela pourrait expliquer le courroux impérial à l’endroit du poète. Les banquets, le théâtre, le forum et le cirque sont des lieux publics ou, à tout moment, l'intimité peut secrètement défier les convenances et y glisser un sous-texte érotique, par le biais de langage corporel. Délié de la possession charnelle, le plaisir courtois est avant tout celui du récit, comme chez Marie de France, où d'un jeu contemplé à distance, comme dans Le Roman de La rose. Dans Le roman de La rose, le comportement de Deduit, le maître du jardin, ne promet rien : Il donne à voir et à ressentir. Le héros rabelaisien ne cesse de chanter ses exploits sexuels, qui restent toutefois invisibles. Simple vantardise ? Plutôt un moyen de jouir immédiatement en paroles. Pour l’auteur de Phèdre, la catharsis est moins d'ordre moral qu’esthétique : elle vise à muer les passions en un spectacle délectable, alliant limpidité formelle et équivoque. Dans la folie d’Oreste à la fin d'Andromaque, le jeune Marivaux voir « un trouble dont nous jouissons avec autant de douceur, qu’Oreste en effet tourmenté avec rage ». « Instruire et plaire » : tel était l'impératif de Jean de La Fontaine, que reprendre à son compte Charles Perrault. La Fontaine, dans « le Pâtre et le Lion: « Une Morale nue apporte de l’ennui : Le conte fait passer le précepte avec lui ». Spinoza soutien que la rationalité et les plaisirs physiques ont pour même condition un rapport harmonieux entre l'homme et les choses extérieurs. À deux siècles d'écart, la cité des Doges s'est montrée indulgente à l'égard de deux parangons d'immoralité : l'Arétin et Casanova. L'Arétin et Casanova se jouent avec désinvolture et légèreté des interdits et des limites qui régissent la vie en société pour ne rien écarter dans leur quête des plaisirs. Dans L'harmonie des plaisirs, l'historien Alain Corbin interroge les prescriptions sexuelles produites, au XVIIIe et XIXe siècle, par trois types de discours : médical, religieux et pornographique. Sentant l'offensive médicale en ce domaine, les prêtres en viennent à adoucir l'interdit qui pèse sur le sexe : le rapport conjugal est ainsi considéré comme un acte de charité entre époux. » Un régal !
La vertu et le plaisir
Dans les encyclopédies on y lit : « Classiquement depuis l’Antiquité, la vertu et le plaisir semblent constituer deux espèces génériques posées pour mieux signifier ce que pourrait être le but de l’existence. Les deux termes ont souvent été opposés, mais Aristote semble les avoir définitivement conciliés, puisqu’il fait du plaisir ce à quoi l’action doit tendre et peut aboutir si elle est menée vertueusement. En fait, Aristote constate, et avec lui de nombreux philosophes, que l’homme cherche naturellement le plaisir et fuit le déplaisir : le plaisir semble donc la fin de toute activité. Mais ce peut être une fin différée, car pénible sera souvent le chemin qui y mène, du fait, souvent, de la faiblesse de la volonté. La fin peut se déterminer volontairement, mais elle peut également se trouver comme une évidence, ou comme une obligation socialement imposée par autrui selon les circonstances. On a souvent privilégié la seule vertu sous le prétexte quelle serait plus « durable » que le plaisir dans ses « bons » effets. Certes, le plaisir est momentané, mais il est renouvelable et peut se trouver dans de nombreuses activités : plaisirs physiques, mais aussi plaisirs intellectuels. Pour Épicure, la paisible quiétude sans mouvement est en soi un plaisir et une fin.
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Les vertus semblent donc, si l’on suit Aristote, relatives aux moyens pour parvenir au plaisir. Pourtant, nombreux sont ceux qui choisissent pour fin la vertu en elle-même. Certes l’héroïsme, le courage sont des vertus, mais que seraient pour le héros volontaire, l’héroïsme et le courage s’ils ne lui apportaient pas quelques satisfactions, de l’ordre d’une avantageuse reconnaissance, quelle qu’elle soit ? Là encore, le plaisir apparaît comme la véritable fin indirectement ou inconsciemment recherchée. Face à la souffrance morale ou physique, la personne est en quête de « plus de plaisir », fût-ce au moyen d’une prise de position stoïque, ou dans celle de la vertu religieuse qui laisse espérer le trouver en un divin Paradis. »
Jeu de société |
Elles relèvent que « La vertu, si elle concerne l’individu, paraît toujours en regard ou sous le regard de la société : elle est sociale. La société détermine des valeurs, des biens et des fins pour l’ensemble des individus. Le plaisir étant dissipateur par nature, les normes sociales tendent à en limiter la recherche, au risque sinon de rompre la cohésion nécessaire à la survie du groupe. Aussi les fins personnelles de chacun sont-elles susceptibles d’entrer en conflit avec ces normes sociales. Tout le jeu de la société sera, en particulier au travers de l’éducation, de faire accepter par l’individu la restriction de son plaisir, en le réorientant vers des buts plus « vertueux », plus avantageux pour la communauté (vers le bien commun). Ainsi, certaines personnes pourront prendre comme fin personnelle une fin à vocation sociale (défense de la justice ou défense de la patrie, par exemple) ; mais l’altruisme est rarement sans profit plaisant pour soi-même. Relativement aux fins, Sidgwick a retenu trois orientations : l’égoïsme, où les fins personnelles passent avant celles de la société (Spencer, Stirner) ; l’intuitionnisme, où la société pose comme fin à la personne de satisfaire au devoir et à l’obligation morale impérative (Kant et l’impératif catégorique) ; l’utilitarisme, où l’on cherche à maximiser le plaisir ou le bien-être du plus grand nombre d’individus (Bentham et Stuart Mill). Les fins communautaires sont des idéaux sociaux que le politique essaie de mettre en œuvre. En fait, il semble que le choix de la vertu résulte plutôt d’un fonctionnement de la raison délibérative, et donc d’un jugement de l’ordre de celui que l’on effectue pour déterminer le bien normatif. Le plaisir, lui, relèverait de l’instinct, de ce que nous recherchons naturellement comme animal : il servirait alors davantage de base au jugement que de jugement proprement dit. Ce serait un proto-jugement où s’articuleraient descriptif et normatif (H. Atlan). Ainsi, vertu et plaisir semblent appartenir à deux types logiques différents et, par cela, il paraît absurde de vouloir les comparer ou les opposer. L’excès de plaisir risque de le tuer ou de l’entraver (excès de table, par exemple). Aussi, la maîtrise de soi et, par cela, la vertu, comme fins, paraissent indispensables pour continuer à le trouver et à l’apprécier (Aristippe et les Cyrénaïques) ».
Compte rendu de FATHI CHARGUI